La démocratie est le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple
Au pays du « In God we trust », le peuple des USA a élu leur 45ème président en la personne de Donal Trump. C’est ainsi avec une grande curiosité que j’ai parcouru ma timeline sur facebook ou encore les sites internet,… pour apprécier les posts des un(e)s et des autres.
Bien évidemment, au pays des droits de l’Homme et du Citoyen, ce choix américain est perçu comme un danger, une insulte, une violence ou encore la porte ouverte à une grande période d’incertitude. Un ensemble de réactions qui m’interpelle tant notre culture démocratique est prompte à estimer ce qu’il y a de mieux pour les autres peuples oubliant par la même occasion ce qu’elle devrait mettre en œuvre au sein de son territoire.
Le peuple américain est bien sûr souverain et il va de soi que la victoire de Donald Trump répond à plusieurs causes dont :
- L’abstentionnisme : ceux qui n’expriment pas leur voix engagent le succès des uns et la défaite des autres sans pour autant aspirer à être représentés.
- La défaite de Clinton : la victoire de Donald Trump est sans nul doute liée à l’incapacité d’Hilary Clinton à fédérer autour des problèmes socio-économiques des USA et de sa responsabilité dans le tout va-t-en-guerre sous l’ère Obama, …
- La campagne de Trump : Il a su rester fidèle à lui-même. Seul contre tous, le self made man incarne ce pays où le rêve américain est possible où l’on peut construire sa fortune à la force de ses mains.
Sans conteste, notre liberté de penser nous donne le droit de porter toutes sortes de critiques sur l’ensemble des sujets. Mais notre liberté de réfléchir nous contraint à mieux penser : Qui est mieux placé que le peuple américain pour choisir son propre président ? Accepterions-nous d’être critiqués après l’élection de notre président ? Pouvons-nous valider ou invalider l’élection d’un président d’un pays dans lequel nous ne vivons pas ?
L’arrogance intellectuelle dont on peut faire preuve est quelques fois déstabilisante tant nous estimons savoir ce qui est bon pour les autres. Mais l’élection de Trump répond avant tout à des problématiques socio-économiques, culturels, géographiques …américaines et non françaises.
Je ne rejette pas, ici, la mondialisation de nos relations et de ses conséquences géopolitiques. Mais avant de nous emballer sur ce qu’il adviendra nous devons tout de même considérer que les USA disposent d’une organisation démocratique qui se projettera sur chaque promesse de campagne.
Mon billet n’a pas pour objet de savoir si l’élection de Trump est une bonne ou mauvaise chose pour l’Humanité car seul l’avenir sera témoin de cela. Le sujet qui me questionne aujourd’hui est de savoir si notre classe politique n’est pas assimilable au candidat Trump. En effet, :
- Le candidat Trump a émis des critiques sur les musulmans et l’Islam mais notre classe politique est-elle si différente tant les citoyens français de confession musulmane ont été stigmatisés, discriminés au cours de ces 10 dernières années ?
- La candidat Trump est un sexiste avéré mais notre classe politique est-elle si différente avec l’ensemble des scandales au sein de nos partis démocratiques (EELV, LR, PS, … )? Dois-je rappeler ici les scandales de DSK , Georges Tron, … ?
- Le candidat Trump est raciste mais notre classe politique ne l’est-elle pas avec peu d’élu(e)s issus de la diversité ou encore une élite politique qui parle avec aisance du rôle positif de la colonisation, du français de race blanche ou bien de la volonté du nègre à être esclave ?
- Le candidat Trump veut arrêter l’immigration mais notre classe politique n’est-elle pas convaincue qu’elle ne doit pas accueillir toute la misère du monde même celle qui réside dans les parties où la France a accompagné les premiers troubles à l’ordre public ?
- Le candidat Trump est convaincu de l’existence du rêve américain où l’on peut devenir aussi riche que pauvre en l’espace de quelques mois mais notre classe politique n’est-elle pas responsable de la massification et de l’institutionnalisation de la pauvreté dans certains territoires ?
- …
Cette liste de questionnements peut être prolongée à souhait et elle se soldera par cette même conclusion à savoir que le politique français, le citoyen français n’est pas meilleur que son homologue américain.
A ce titre, le même trouble, la même maladie touche les démocraties occidentales. Celle de l’accaparation des démocraties représentatives par les organisations politiques. Celles qui ont, à l’issue d’un long processus, découragé les citoyens de se rendre aux urnes en essaimant avec brio cette idée que le citoyen n’est pas en capacité de réfléchir par lui-même aux maux de notre société et que son devoir consistait à épouser les idées de ceux en capacité de penser et d‘agir pour lui.
La responsabilité collective de tout un système est ainsi engagéeet entendre nos responsables politiques s’étonner ou s’inquiéter de l’élection de Donald Trump en devient insupportable. En effet, nos organisations politiques ont bridé la prise de parole préférant voire le citoyen faire défection laissant la loyauté à ceux qui espèrent voir d’autres personnes prendre les choses en main.
Nous observons ainsi le retournement du principe de notre démocratie représentative. Lincoln, disait, « la démocratie est le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple». De là, on en déduisait que les élus représentaient le peuple : leurs convictions, leurs peurs et leurs projets sociétaux. Or, petit à petit, nous sommes rentrés dans une dynamique où l’on a demandé au peuple d’adhérer aux idées des organisations politiques. Et à ce titre, les citoyens électeurs sont devenus le reflet, le fil conducteur des idées partisanes des organisations politiques. Le fruit de chaque élection devenant ainsi la récolte des semences.
Cette volonté de détenir le monopole des idées ont provoqué tour à tour le départ massif d’universitaires et de militants des partis politiques qui se sont ainsi dépourvus d’esprits critiques. Mais plus encore, cela a conduit le citoyen à se résigner sur le rôle du représentant du peuple et à chaque mandat il constate, avec une attirance de plus en plus forte pour les extrêmes, les défaillances et les promesses non tenues sans observer les réussites par ailleurs.
A mon sens, il me paraît donc inconcevable de condamner le citoyen sur son choix car celui-ci est à l’image de ce qu’il endure au quotidien et surtout ce choix est fonction de ce que notre organisation démocratique met en place. Sommes-nous arrivés à ce moment où le serpent se mord la queue ?
Sans nul doute, Lincoln savait de quoi il parlait et le temps n’étant qu’un éternel recommencement, nous devons à nouveau espérer en l’intelligence citoyenne. L’émergence d’initiatives citoyennes porte ses fruits au niveau des territoires avec des projets innovants et solidaires co-construits et co-pensés. Et pour être encore plus forte, la politique citoyenne devra s’organiser, se consulter afin de mettre le seul producteur de richesses au cœur des débats à savoir l’Humain.
Le citoyen doit, plus que jamais prendre la part de son labeur dans la construction des projets de demain. Il doit oser se rapprocher, échanger et travailler avec l’Autre. Dans une dynamique collective et dans l’intérêt général, il doit à la fois se réapproprier la vie de la Cité et les mécanismes de notre République et constater, produire et s’engager.
Notre république ne peut se construire qu’autour de ses forces vives à savoir le Citoyen.