Une rentrée politique 2018 décevante
Une rentrée politique représente ce moment d’émulation collectif où l’on aime à travailler ensemble. Un temps de mobilisation où l’on se fixe un cap et un objectif.
Dans l’idéal, elle serait ce réceptacle vivant d’idées et de compétences faisant bouger notre démocratie et ses acteurs. Mais, il est des domaines où l’on ne peut substituer l’apparence à la réalité.
La rentrée politique n’a pas échappé à ce constat. Comme ces prédécesseures, elle a tenu un discours égocentré. Chacun voyant son soi comme la solution, oubliant que la politique est un champ collectif et partagé. J’ai en tête cette citation qui affirme que « la vérité ne fait pas de politique … et réciproquement« .
A bien des égards le peuple s’intéresse à la politique quand la politique s’adresse à lui. Il s’en écarte lorsqu’elle parle à elle-même. Et nous assistons depuis des années à ce monologue existentiel qui a fini de parfaire certaines décisions électorales : désintérêt, montée des extrêmes, croyance en l’homme providentiel, …
Et pourtant, les sujets pour lesquels le politique doit se mettre en action sont si nombreux et si importants. Le problème n’est pas le président de la République ni son mouvement, le défi est celui d’une construction d’une société plus juste, plus humaine et plus solidaire.
Le président n’est que le vecteur d’un projet sociétal. Et il semble maintenant acté que bon an mal an, le président Macron perpétue l’œuvre de ces prédécesseurs en revenant parfois à quelques décennies passées.
Faire revenir le citoyen à la politique sera une affaire bien complexe si le seul combat proposé est celui de la lutte contre Macron, le président des riches, le président libéral,… Il sera d’autant plus difficile qu’il a été élu en partie sur le culte de sa personne, sur l’idée que chaque citoyen est susceptible d’être un self made man, sur la faiblesse acquise au cours de ces dernières décennies par les partis traditionnels en manque de renouvellement et sur le recul de la participation des citoyens aux élections.
Il a ainsi illuminé le cœur et les esprits de celles et ceux qui pensent ou ont pensé que la réussite est une affaire individuelle.
Cette rentrée politique a oublié ces ateliers de travail engageants et innovants, ces discours qui nous projettent dans le futur et ces projets qui donnent envie de se battre et de se mobiliser. Dommage !
Le champ politique a profondément muté avec l’abondance de l’information continue et l’accès aux savoirs. Il n’est plus dépendant de quelques acteurs ou opérateurs. Il n’est plus influencé dans son ensemble par les partis politiques. La politique est aujourd’hui pluridimensionnelle.
Aujourd’hui et demain, l’équation devant répondre à une société plus juste, plus humaine et plus solidaire ne peut plus se résoudre avec une seule inconnue.
Elle trouvera sa réponse lorsque les acteurs politiques travailleront de pair avec les citoyens et réciproquement dans une démarche nouvelle, collaborative et partagée.