Habemus président de la république
Ce dimanche 07 Mai 2017, les urnes ont rendu leur verdict : Marine Le Pen ne sera pas le futur président de la république française.
Cette élection présidentielle 2017 fut, sans nul doute, rude, stigmatisante et particulièrement pauvre. Et l’élection de notre nouveau président de la république me laisse imaginer des lendemains moins souriants.
Tout d’abord, les chiffres de ce second tour sont très significatifs d’une rupture entre le peuple et le politique. En effet, bien que le leader d’En Marche ai remporté cette élection avec 65,8 % des suffrages exprimés, il n’aura pas dépassé la barre des 50% des suffrages des électeurs inscrits.
Je m’explique, sur les 47,6 millions d’électeurs, 25,3% se sont abstenus (soit environ 12 millions abstentionnistes) et 8% (soit 4,1 millions de votants) ont déposé un bulletin blanc ou nul. Aussi, Si l’on intègre ces chiffres aux 20,7 millions de vote réunis par le leader d’En marche et les 10,6 millions de vote obtenus par le Front National, notre nouveau président de la république obtient 43% des suffrages. Quant à son adversaire du soir, elle obtient 23% des suffrages représentant ainsi la troisième force politique derrière les abstentionnistes, les bulletins de vote et nul qui eux représentent 34% du collège électoral.
Cette courte analyse quantitative démontre que moins d’un électeur inscrit sur deux a voté pour le leader d’En marche.
A n’en pas douter, cette élection est à nouveau un vote par défaut puisque le leader d’En Marche a bénéficié également de report de voix pour lutter ou faire barrage au Front National. Par ailleurs, il est à noter que ce dernier continue inexorablement son ascension avec un record de voix de 10,6 millions.
En conclusion, la prudence reste de mise sur la victoire contre le Front National car la bataille n’a pas été gagné. Et je me prémunirai donc contre l’autosatisfaction des uns et des autres.
Ensuite, en écoutant les différentes interventions au soir de ce deuxième tour, j’ai été pris d’un certain malaise. Non pas que je remette en cause l’élection de notre nouveau président mais les discours de la garde rapprochée du leader d’En Marche ne m’ont pas permis de laisser penser qu’un nouveau paradigme politique et démocratique pourrait se mettre en œuvre.
En effet, l’entre-deux tour, fut marqué par des mouvements de personnalités politiques et l’apparition d’éléments de langages nouveaux visant à préserver certaines ruines pour continuer à exister et préparer les alliances de pouvoir de demain.
De plus, ce dimanche 07 Mai 2017, la majorité présidentielle était à la bouche de tout le monde : de ceux qui soutenaient le leader d’En Marche, à ceux qui luttaient contre le Front National à ceux qui espèrent se maintenir encore au pouvoir.
Bien pis encore, certains parlementaires et élu(e)s de la république ont profondément bafoué le sens donné à ce vote :
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Comment peut-on affirmer avoir compris l’abstentionnisme, le vote blanc et le vote nul tout en voulant encore s’accrocher au pouvoir ?
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Comment peut-on entendre ce vote de mécontentement et encore afficher la volonté de représenter un clan ou de participer à une organisation partisane ?
Autant de contradictions qui démontrent que l’élection de notre nouveau président de la république apparaît comme un changement dans la continuité. A ce titre, le discours des tenants du « ni de droite ni de gauche » ou du « de droite et de gauche » en fonction des lectures ne changera pas l’état d’esprit du régime présidentiel et de sa majorité puisque telle est la volonté avoir une majorité présidentielle.
Les élections législatives des 11 et 18 Juin 2017 seront donc l’enjeu de cette présidence à venir. Elles invitent les citoyennes et de citoyens à faire le choix entre un mode de gouvernance synonyme de majorité présidentielle et d’opposition ou une rénovation de l’action parlementaire en mettant le citoyen au cœur des centres de prises de décisions.
Demain, chaque citoyen devra mesurer son implication dans la vie de la Cité. Demain, chacun d’entre nous devra déterminer sa volonté ou non de mettre l’Humain au cœur des réflexions. Demain chaque citoyenne et citoyen devra définir son rôle dans la construction d’un projet sociétal juste, solidaire et humain.
Il est vrai que sous la 5ème République, l’élection présidentielle est la rencontre d’un homme avec le peuple. Mais, il est également vrai que les élections législatives sont synonymes de la représentation de l’expression du peuple qui n’appartient pas ni à un Homme, ni à un clan mais à chacun d’entre nous.
Demain, rejoignons-nous dans cette troisième voie qui est celle de la dynamique citoyenne : celle qui place le citoyen au cœur de chaque centre de prises de décisions.